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jeudi 9 novembre 2017

Levée de l’immunité de Marine Le Pen : une faute du gouvernement Macron



Chard Marine Le Pen Daesh

L’affaire, on la connaît : Marine Le Pen est harcelée judiciairement depuis 2015 au motif qu’elle a diffusé sur son compte twitter des images de crimes islamistes.
 
Cette diffusion n’était pas gratuite : candidate à la présidentielles, Marine avait subi, au cours d’un débat sur BFM TV, l’ignominie d’un parallèle opéré entre le Front national et l’État islamique. C’était une façon de répondre : « Taisez-vous ! Regardez donc ce qu’est l’État islamique ! »
Le ministre socialiste Bernard Cazeneuve avait lancé la procédure.
Le ministre ex-socialiste Nicole Belloubet l’a reprise à son compte, et a saisi le bureau de l’Assemblée nationale qui s’est exécuté et vient donc de décider la levée de l’immunité parlementaire de la présidente du FN.
Cette décision est sans doute la première vraie faute politique du gouvernement Macron.
En effet, aux yeux de l’opinion, cette mesure est parfaitement incompréhensible : la punition de ceux qui dénoncent les exactions de Daesh, en raison précisément de cette dénonciation, nécessite des contorsions explicatives auxquelles les médias ne se risquent d’ailleurs pas.
La nouvelle a simplement été commentée comme découlant d’une application de la loi (laquelle ? Pourquoi ?).
Dans un éditorial spécialement fielleux, Le Parisien explique par exemple que Marine Le Pen ne saurait « se placer au-dessus des lois ».
Mais encore une fois, en quoi dénoncer les crimes de l’État islamique vous place au-dessus des lois ?
Cette question n’a toujours pas reçu de réponse claire, ce qui donne le sentiment d’une simple mesure destinée à persécuter un adversaire.
Marine Le Pen a d’ailleurs immédiatement réagi :
« Mieux vaut être un djihadiste qui rentre de Syrie qu’une députée qui dénonce les abjections de l’État islamique : on prend moins de risques judiciaires. »

La formule tourne sur Internet, et les conversations de bureau et de comptoir montrent l’incompréhension générale d’une opinion publique spécialement choquée.
Seule explication rationnelle à cette décision : une volonté de faire un « coup politique », en montrant à la gauche, aux déçus du PS, que l’équipe Macron n’a pas complètement glissé à droite, qu’elle reste vigilante à l’égard du Front national, maintenu à l’écart par des artifices comme cette levée d’immunité.
Le gouvernement est « et de gauche et de droite » : après les ordonnances, qualifiées de droite, voici donc une mesure de rééquilibrage sur la gauche.
Ce calcul est une erreur, car le gouvernement mesure mal l’évolution de l’opinion sur le danger islamique, et aussi sur le besoin d’identité, qui libèrent la parole.

Autre erreur des stratèges de l’Élysée (en supposant que Madame Belloubet ait agi sur ordre) : alors même que Mélenchon, décrété opposant préféré, connaît un énorme trou d’air, pour partie personnel et pour partie politique, la reprise des persécutions à l’encontre des plus patriotes, dans un contexte de malaise grave, notamment au sein de la police et de l’armée, pourrait se révéler une chance pour le FN.

Cette persécution inquiète et ressoude.

M. Macron aurait voulu remobiliser les sympathisants du FN qu’il ne s’y serait pas pris autrement. C’est déjà ce que l’on constate, d’un bout à l’autre du pays.
Francis Bergeron
Article et dessin de Chard parus dans Présent daté du 10 novembre 2017
 
 
 
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