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lundi 11 septembre 2017

Et le Batral Dumont d’Urville quitta les Antilles deux mois avant l’ouragan…

 
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Défense
 
Face au désastre qui a frappé Saint-Martin et Saint-Barthélemy, on ne peut s’empêcher d’évoquer le départ de Martinique, il y a à peine plus de deux mois, du navire qui aurait été probablement le plus utile aujourd’hui.

Il s’agit du bâtiment de transport léger (Batral) Dumont d’Urville, qui a fait ses adieux à la base navale de Fort-de-France le 19 juin dernier et est arrivé à Brest le 24 juillet en vue d’y être désarmé.
Mis en service en 1983, le vénérable bateau était spécialement conçu pour la projection de troupes et de matériel dans les territoires ultramarins, avec une coque lui permettant de s’échouer sur une plage afin d’y débarquer hommes et véhicules.
Long de 80 mètres, équipé d’une grue pour la manutention de lourdes charges, de petits chalands de débarquement et d’une plateforme hélicoptère, le bâtiment était capable d’embarquer une cargaison de plusieurs centaines de tonnes, dont une douzaine de véhicules.
De plus, il effectuait régulièrement des exercices, appelés Cyclonex, dédiés précisément aux interventions en cas de cyclone, avec par conséquent une expertise qui disparait.
Les anciens Batral de la Marine nationale, dont le Dumont d’Urville était le dernier exemplaire encore opérationnel, offraient une capacité très précieuse dans le cadre d’opérations de débarquement et de soutien logistique outre-mer.
Mais elle a aussi, à de multiples reprises, été utilisée pour des missions humanitaires, y compris là où les infrastructures portuaires étaient inutilisables.
Après avoir passé le gros de sa carrière en Polynésie, le Dumont d’Urville, succédant à l’un de ses sisterships (le Francis Garnier) aux Antilles en 2010, a ainsi conduit plusieurs opérations d’assistance aux populations sinistrées par des catastrophes naturelles : en 1990 aux Samoa occidentales frappées par le cyclone Ofa puis en 1997 aux Iles-sous-le-Vent après le passage des cyclones Martin et Osea. Alors que le Francis Garnier était intervenu après le séisme ayant ravagé Haïti en 2010, le Dumont d'Urville y était retourné cinq fois avec du fret humanitaire en 2011, 2014 et 2017.
Pour succéder aux Batral, un autre type de bateau a vu le jour, le bâtiment multi-missions (B2M), issu d’un compromis intégrant la nécessité de disposer d’une plateforme plus adaptée aux longues patrouilles en mer.
Le nouveau modèle dispose d’importantes capacités logistiques, sans pouvoir, contrairement à son aîné, effectuer des manœuvres de plageage.

Il peut transporter des conteneurs et des véhicules, dont des bulldozers, mais doit les débarquer à quai ou sur une barge, son unique chaland, de peyite taille (9 mètres), n’étant dimensionné que pour un engin léger de type 4x4.
Si le remplacement des anciens Batral par des B2M a été acté dès 2014, avec la commande de trois nouvelles unités pour Nouméa, Papeete et La Réunion, la succession du Dumont d’Urville aux Antilles, il faut le rappeler, était loin d’être acquise.
Il a fallu que la marine bataille dur pour l’obtenir.
Une demande frappée du sceau du bon sens et finalement acceptée, avec l’ajout d’un quatrième B2M. Toutefois, alors que la livraison des trois premiers bâtiments est intervenue en 2016/2017, la commande du quatrième n’a été notifiée qu’en janvier dernier, renvoyant sa mise en service à la fin 2018.
Entretemps, la planification de la mise en retraite du Dumont d’Urville avait été intégrée au budget et le bâtiment s’en est donc allé cet été, laissant comme on dit chez les militaires un « trou dans la raquette » dans le dispositif antillais.
Des trous comme celui-ci, il y en a malheureusement un certain nombre dans les armées françaises, mais la plupart du temps ils passent inaperçu.
Aujourd’hui, ce n’est évidemment pas le cas et c’est sans doute avec amertume qu’on peut déplorer l’absence de l’ancien Batral, ou celle de son successeur.
Car cette capacité fait véritablement défaut au moment où il faut gérer l’une des pires catastrophes naturelles ayant frappé la région.
Et il en va de même pour l'armée de l'Air, qui avait auparavant un avion de transport lourd Transall positionné aux Antilles et doit maintenant se contenter d'un petit Casa, aux capacités bien limitée. Idem pour l'armée de Terre, qui ne dispose plus sur place d'hélicoptères de manoeuvre, les deux Puma mobilisés actuellement provenant de Guyane.
Les militaires ne sont pas à blâmer, ils font évidemment ce qu’ils peuvent avec ce qu’ils ont.
Dans le cas présent, ils en sont réduits à entasser des vivres et des bouteilles d’eau dans le peu d’espace libre des frégates Ventôse et Germinal, les deux seules unités d’importance dont la marine dispose encore aux Antilles.
Des bateaux qui, évidemment, ne sont pas franchement adaptés à ce genre de missions.
Il faut toutefois s’estimer « heureux » puisque les infrastructures portuaires de Saint-Martin ont été relativement épargnées et restent utilisables.
Par chance également, les frégates sont toutes les deux disponibles actuellement, tout comme les deux seuls hélicoptères de l’aéronautique navale basés en Martinique et qui sont à bord : un Panther et une antique Alouette III.
Par ailleurs, alors qu’aucun avion de surveillance maritime n’est basé de manière permanente aux Antilles, on notera aussi que, par un heureux hasard, deux Falcon 50 sont sur place, dont un venu dans le cadre de la surveillance d’un tir au centre spatial guyanais.
Depuis hier, ils assurent des missions cruciales de reconnaissance à Saint-Martin et Saint-Barthélemy, qui permettent aux autorités d’apprécier la situation sur place et, de là, connaitre les besoins et organiser le déploiement des secours.
Ceux-ci dépendent pour l’heure en grande partie des moyens militaires présents en Martinique et en Guadeloupe.
Or, malheureusement, il n’y a pas que la marine qui fait pâle figure.
L’Etat-major des armées indiquait hier que « tous les moyens disponibles des forces aux Antilles et en Guyane sont mobilisés ou mis en alerte pour être en mesure d’appuyer les secours ».

Voici, dans le détail, tout ce que les Forces Armées aux Antilles (FAA) et les Forces Armées en Guyane (FAG) annoncent être en mesure de mettre à disposition : le 33ème Régiment d’infanterie de marine (RIMA), le Régiment du Service Militaire Adapté (RSMA), un avion de transport léger Casa, deux hélicoptères Puma, ainsi que les Ventôse et Germinal, leurs hélicoptères et les Falcon 50.

Un inventaire qui, dans cette situation de grande détresse, met douloureusement en lumière la faiblesse des ressources militaires basées dans la région.
Cette situation, ce n’est un secret pour personne, est essentiellement liée à de nombreuses vagues de restrictions budgétaires qui, au fil du temps, ont réduit les moyens.

Une décrue que les élus locaux, notamment, ne cessent de dénoncer depuis des années.

Et qui n’est aujourd’hui pas sans conséquence puisque ce sont précisément ces moyens, positionnés au plus près, qui sont sensés intervenir en premier avant l’arrivée des renforts métropolitains.

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