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lundi 11 septembre 2017

Catalogne : c’est la révolution, connards !

 


Le 11/09/2017


Écrivain et journaliste espagnol


Ce qui se passe, c’est un coup d’État dont l’enjeu est la sécession unilatérale et la révolution.

Non, ce qui se passe en Catalogne, ce ne sont pas des remous en vue de je ne sais quelles revendications régionalistes ou autonomistes poussées à l’extrême.
Ce qui se passe, c’est un coup d’État dont l’enjeu est la sécession unilatérale et la révolution.
D’abord, la sécession.
Elle a été accomplie cette semaine par le Parlement catalan, où deux lois ont été votées par une majorité bien relative (obtenue grâce à l’abstention de Podemos, un parti aussi putschiste et anti-espagnol que les autres, mais un peu plus précautionneux), tandis que les députés du Partido Popular, du Partido Socialista et de Ciudadanos se levaient et quittaient l’enceinte.
L’une de ces lois convoquait un référendum illégal et sans garanties juridiques pour le 1er octobre ; l’autre prévoyait les normes pour la transition vers la République de Catalogne.
Ce qui a été entériné de la sorte, c’est la rupture unilatérale et brutale non seulement avec l’Espagne, mais aussi au sein de la Catalogne elle-même : un pays désormais déchiré, divisé en deux factions irréconciliables (à 50 % chacune) : les sécessionnistes et les partisans du maintien de l’union avec l’Espagne (une union vieille de 500 ans pour les liens strictement politiques et de presque 2.000 ans – depuis l’Hispania romaine – pour les liens affectifs et culturels que les sécessionnistes haïssent encore plus).
Et si quelqu’un avait encore, à l’étranger, une pensée pour le malheureux-peuple-catalan-à-la-langue-brimée-et-aux-libertés-malmenées, qu’il sache que la seule langue aujourd’hui brimée en Catalogne, c’est… l’espagnol, dont l’enseignement jouit d’un nombre d’heures inférieur à celui de l’anglais, tandis que la région – la « nation », disent-ils – jouit d’un statut d’autonomie aux compétences plus larges que celles d’un Land allemand, le jacobinisme n’ayant chez nous strictement rien à faire.
Les deux lois du coup d’État ont déjà (c’est bien la moindre des choses !) été annulées par le Tribunal Constitucional et le prétendu référendum interdit, en même temps qu’il se produisait un véritable événement historique : pour la première fois dans l’Histoire, on a vu un gouvernement porter… plainte contre des putschistes qui n’ont pas été arrêtés et entre les mains desquels on a donc laissé tous les rouages du pouvoir !
On comprend donc les ricanements de ces derniers, qui se contrefichent éperdument de telles interdictions, la loi espagnole n’étant tout simplement plus en vigueur dans la région.
Que va-t-il se passer dans une telle situation de double pouvoir ?
Il va se passer – j’en viens à ma deuxième question – ce qui se passe lors de la situation exceptionnelle que sont toutes les révolutions.
« Est souverain, nous dit Carl Schmitt, celui qui décide de la situation exceptionnelle ».
Et en Espagne, depuis quarante ans, depuis l’avènement de la démocratie qui a ouvert toutes les portes à la décomposition de la patrie et de tant d’autres choses, il y a une seule force qui décide, qui prend l’initiative : ceux qui, haïssant l’idée même de patrie (sauf s’il s’agit de leur petite patrie régionale), entreprennent une telle rupture, les libéraux de tout poil de Madrid, timorés et pleins d’atermoiements, ayant toujours été à la remorque.
On voit donc clairement, si Schmitt a raison, qui va l’emporter lors de la révolution qui a déjà commencé et qui va se jouer là où les révolutions se jouent : dans la rue, lorsque la police catalane (divisée entre ceux qui obéiront et ceux qui désobéiront à la Generalitat, et renforcée par quelques policiers envoyés par Madrid) devront faire face à des milliers de révolutionnaires, y compris toute la racaille gauchiste (jadis appelée « altermondialiste ») qui, venue de partout, a déjà commencé à se déverser sur Barcelone.
La grande muette, quant à elle, restera… muette !
Ce que ces révolutionnaires – les communistes de la CUP, auxquels se joindront certainement ceux de Podemos – ont en vue, ce n’est pas, bien sûr, la seule sécession.

C’est aussi la révolution : celle-là même que leurs grands-parents entreprirent, entre 1936 et 1939, lors de la grande terreur rouge qui déferla sur la Catalogne lors de la guerre civile.

Mais de cela, ainsi que de bien d’autres questions, nous en reparlerons, si vous le voulez bien, un autre jour.

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