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mardi 18 avril 2017

Indignation sélective en Syrie

 


Le 18/04/2017


Seuls certains civils auront reçu les honneurs, à la condition que leur mort serve un récit binaire et idéologique sur cette guerre interminable.

Samedi, au moins 126 personnes – dont la moitié d’enfants – ont été tuées alors qu’elles attendaient à proximité des bus qui devaient les évacuer de leurs villes assiégées depuis cinq ans par l’opposition armée.
 L’attentat a eu lieu à Rachidine, non loin d’Alep.
75 bus attendaient sur le bord de la route avec des milliers de civils à leur bord, habitants des villages chiites de Foua et Kafraya.
Deux villages dont personne n’a parlé pendant cette guerre, et qui étaient pourtant assiégés par l’opposition simplement parce que leurs habitants sont chiites et loyalistes.
 Leur évacuation vers Damas et Lattaquié était le résultat de longues discussions entre les différents acteurs de cette guerre, et la contrepartie était la libération des insurgés et habitants des villes de Madaya et Zabadani, assiégées par l’armée syrienne.
Eux devaient être évacués vers la ville d’Idlib, dans laquelle se retrouvent tous les insurgés du pays chaque fois qu’une localité est reprise par l’armée arabe syrienne.
Ces évacuations marquaient donc la fin d’un long cauchemar pour ces très nombreux civils victimes d’un jeu de pression entre les forces armées.
Mais un djihadiste a lancé sa camionnette piégée contre les bus près desquels attendaient les civils de Foua et Kafraya.
Plus précisément près d’une voiture qui distribuait de la nourriture à des enfants…
Des humanitaires et quelques insurgés ont également péri dans l’attentat monstrueux, l’un des pires qu’ait connus la Syrie en six ans de guerre.
L’ONU s’est dite « horrifiée » et le pape François s’est empressé de condamner cet attentat et de prier pour les victimes.
 Hormis ces deux autorités, silence dans les rangs.
Tous ceux qui étaient légitimement scandalisés par une attaque au gaz quelques jours plus tôt ont brillé par leur absence, et les médias si prompts à imputer la première attaque au gouvernement syrien sont restés très prudents sur l’origine de cet attentat.
 Ils ont eu raison de l’être, car s’il ressemble fort aux méthodes de l’opposition islamiste, nul ne peut aujourd’hui l’assurer puisque personne n’a revendiqué l’attentat et qu’aucune enquête n’a encore abouti.

Mais nous aurions aimé la même prudence sur l’origine – également difficile à imputer avec certitude – de l’attaque chimique de Khan Cheikhoun.
Ces cadavres d’enfants ne feront pas la une de Libération, leur mort ne sera pas saluée par la tour Eiffel et aucun bombardement ne sera décidé dans la nuit pour venger leur mort pourtant injuste.
Ils n’ont pas la chance d’être du « bon côté ».

Cet événement révèle une fois de plus l’injustice faite au peuple syrien majoritairement rallié à son gouvernement, non pour des motifs d’abord politiques mais pour des raisons évidentes de préservation du pays et de refus du chaos.

 Il n’est pas vrai que le peuple syrien aura été la préoccupation de tous les humanistes autoproclamés de l’Occident : seuls certains civils auront reçu les honneurs, à la condition que leur mort serve un récit binaire et idéologique sur cette guerre interminable.

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