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mardi 12 mai 2015

Famille harcelée à Roubaix : le père de famille « a voulu faire sa loi, on a réagi » témoignent des jeunes

Par la rédaction pour La Voix du Nord, Publié le 12/05/2015 - Mis à jour le 12/05/2015 à 06:56


par Sophie Filippi-Paoli



Deux des jeunes qui, «
en attendant mieux
», squattent la rue Desaix. Photo Ludovic Maillard
VDN


Oui, ils ont squatté la rue, fait beaucoup de bruit, tapé à la porte… Mais c’est aussi la faute, disent-ils, de Philippe Godefroy, le père de famille harcelé, qui a « voulu faire sa loi ». Voilà, en gros, l’incroyable défense des jeunes de la rue Desaix (quartier du Pile) à Roubaix, qui suivent leurs propres règles.


Tous deux, 17 et 18 ans, le reconnaissent volontiers : ils jouent au foot dans la rue et certains d’entre eux ont des « grandes gamelles » : Et puis, il y en a qui fument des joints et sont « un peu durs » : « On est une quinzaine. Beaucoup ont grandi là mais n’y habitent plus : ils sont de la Potennerie, des Trois-Ponts… Moi je reviens parce que je ne connais personne dans mon nouveau quartier. On se retrouve vers 18h, là au début de la rue, devant la maison de la famille dont tout le monde parle. »
Pour eux, c’est clairement Philippe Godefroy, le père de la famille harcelée, qui a commencé : « Un jour, il a pété les plombs parce qu’on faisait du bruit, il est sorti avec un flingue qui avait tout l’air de ne pas être en plastique (1). Je suis arrivé, j’ai vu mon pote les bras en l’air. »


« C’est normal »


Ce que confirment d’autres jeunes du voisinage : « Je suis allé le voir, je lui ai demandé de se calmer, il tremblait. »
 L’événement amène le duo à une étonnante conclusion : « Il a voulu faire sa loi, c’est normal qu’il y ait des représailles. »

 Plus tard, la réflexion devient encore plus sidérante : « Il se fait passer pour une victime mais une victime c’est quelqu’un qu’on frappe. On l’a pas touché ni lui ni ses enfants. Et puis, il a jamais essayé de nous parler comme d’autres le font, il n’y a jamais eu de dialogue. »


Les cambriolages ?


« Nous deux on vole pas, si on le faisait on irait plutôt au parc Barbieux. Ici, les gens n’ont rien, ils n’ont pas d’argent. »
Et puis, expliquent-ils avec un remarquable sérieux, ils ne comprennent pas pourquoi « cette famille fait tout ce cirque » : « Il y a d’autres familles dans la rue avec lesquelles ça se passe très bien.
Et avant, il y a deux ans, on faisait bien pire. »
Tout commence, expliquent-ils avec la maison voisine de celle des Godefroy.

« Il y a une femme là-dedans qui nous a laissé rentrer chez elle après que son mari est parti. Elle connaissait un jeune de notre bande. Sa maison, c’est devenu une boîte de nuit. On buvait, on cassait tout, on faisait du bruit jusqu’à 4h du matin. Mais bon c’est de sa faute, elle avait qu’à pas nous inviter au départ. Depuis, on s’est quand même calmé. »


 Parce qu’ils ont commencé à avoir des « petits problèmes » : « On s’est battu, les gens nous engueulaient et puis on commençait à être repéré à l’extérieur du quartier, on nous associait à des Chabert (des cas sociaux) c’était mauvais pour notre réputation. »
 Bref, ce n’est plus ce que c’était.
 Reste les coups dans la porte, les insultes, le bruit le soir, les suspicions de trafic.


Les flics, on les caillasse


Pour la drogue, ils nient en bloc.
 « Oui, avant un peu mais aujourd’hui il n’y a pas un euro qui circule : on est entre deux gros terrains de deal, on va pas aller prendre des clients aux grands. Et puis moi j’ai 18ans, j’ai pas envie d’aller en prison, j’ai envie de faire quelque chose de ma vie. »
Ils parlent de contrat d’apprentissage pour l’un et de néant pour l’autre : « J’ai envoyé je ne sais pas combien de CV, on me répond jamais. Je vis avec ma mère qui gagne 400 euros par mois. »
 Son copain, lui, c’est 500.
Il veut travailler.
 « J’ai pas essayé en dehors de Roubaix parce que c’est ma ville. »
En attendant mieux, ils squattent la rue Desaix, entre deux poursuites avec la police.
 Justement, une voiture stationne au début de la rue.


« Les flics, on les caillasse avec des briques et ils nous envoient des lacrymos. On dirait qu’on est en guerre. »


 D’ailleurs, racontent-ils, il faut faire de plus en plus attention : « On a un copain qui a sorti une arme de guerre près d’Eurotéléport, une demi-heure après les militaires étaient chez lui. Ici, il y a des armes partout, c’est facile d’en avoir. Il suffit de 300 euros. Mais il ne vaut mieux pas tremper là-dedans. »


 Enfin, quoi qu’il se passe avec la police ou les voisins, concluent-ils, ils ne bougeront pas : « Attends, on va pas partir, on est chez nous ici, qu’est-ce qu’ils croient ? »




1. Ce que confirme Philippe Godefroy qui précise que l’arme ne marchait plus et datait de la Première Guerre.




1 commentaire:

  1. Tôt ou tard, (vaut mieux tôt que trop tard) ils devront rentrer dans les rangs.
    S’ils ne veulent rien entendre ils mordront la poussière, comme d’autre avant eux.
    A force d’en vouloir plus sur notre dos et à notre désavantage, trahis par les funestes qui nous dirigent en bannissant nos idéaux, les règles vont s’inversés au fur et à mesure des inventions nouvelles qui relaieront l’air du pétrole à l’âge primaire de notre air.
    Tous devront rendre des comptes.

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