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vendredi 29 août 2014

Le médecin pratiquait-il la circoncision aux frais de la Sécu ?

Publié le 29/08/2014 à 07:54,
 
 
Les circoncisions étaient facturées à la CPAM./ DDM, illustration

Les circoncisions étaient facturées à la CPAM./ DDM, illustration


«Je reviens pour régler cette affaire et trouver un terrain d'entente avec la CPAM pour un remboursement».

 Début août, à la descente de l'avion le ramenant d'Abu Dabi, M. Z., chirurgien franco-algérien de 45 ans a été arrêté et placé en détention provisoire.
Mardi, il comparaissait devant le tribunal correctionnel de Toulouse pour demander sa mise en liberté provisoire en attendant son procès, le 17 septembre.
 Le tribunal a estimé ses garanties suffisantes et à accéder à sa requête. M. Z est toutefois placé sous contrôle judiciaire

76 000 euros facturés inutilement à la CPAM ?

Les faits qui lui sont reprochés datent de 2006.
À cette date le chirurgien, sous couvert d'actes purement médicaux, aurait facturé à la Sécu plus d'une centaine de circoncisions rituelles.
 L'Assurance maladie, qui a déposé plainte en février 2008, estime à environ 76 000 € le montant du préjudice et de la somme indûment versée à l'urologue.
 D'autres soupçons de fraude pèsent sur M. Z.
Ainsi, selon la Sécu, 941 actes facturés qui n'auraient pas été réalisés et 172 actes «non justifiés», en l'occurrence des échographies, viennent alourdir les charges.
Mais voilà, à cette date, l'homme et sa famille sont introuvables.
 Le chirurgien sera cependant condamné par défaut en 2012 à trois ans d'emprisonnement.

De Toulouse à Abu Dabi

Un an après les facturations supposées frauduleuses, l'homme, sa femme et ses deux filles se sont volatilisés.
 Et c'est aux Émirats Arabes que la famille a posé ses valises.
 Depuis 2007, le chirurgien urologue exerce dans un établissement public d'Abu Dabi.
 «Il n'y a aucun lien entre cette affaire et mon départ à Abu Dabi. Je n'ai été informé de ma condamnation par défaut que cette année par l'ambassade. J'ai attendu la fin de l'année scolaire de mes filles et le terme du Ramadan pour revenir. Je savais qu'en arrivant en France, je serai arrêté.».

Dans le box des prévenus, encadré de deux policiers, l'homme vêtu de blanc arbore une longue barbe, s'exprime clairement et calmement : «J'ai besoin d'être dehors pour préparer ma défense et m'occuper physiquement et moralement de mes deux filles. L'une est diabétique, l'autre est handicapée».
Appelé à la barre son avocat avance ses capacités de remboursement (le chirurgien toucherait 10 000 euros par mois à Abu Dabi), la nécessité pour lui de régler cette affaire afin de pouvoir continuer à exercer.
 Autre garantie avancée : l'homme a pris un appartement en location, à Villeurbanne, près de Lyon, d'où est originaire sa belle-famille.
Après délibération, c'est provisoirement libre que le chirurgien est ressorti du tribunal.
Le 17 septembre, M.Z. sera à nouveau convoqué à la barre afin de répondre, de vive voix cette fois-ci, des faits qui fraude qui lui sont reprochés.


Déjà épinglé par Scotland Yard

Pourquoi disparaître aussi rapidement ?
 La question a taraudé les enquêteurs.
 Pour fuir la Sécu ?
 Pas nécessairement.
 Car M. Z. est aussi connu pour ses thèses flirtant avec le fondamentalisme religieux.
Et à ce titre, de nombreux services d'enquête français et étrangers, dont Scotland Yard, se sont intéressés à son profil après les attentats de Londres perpétrés durant l'été 2005.
Ces attaques à la bombe, attribuées à Al-Quaïda, avaient fait 56 morts et 700 blessés.

 En 2007, des enquêteurs parisiens de l'antiterrorisme se déplacent à Toulouse pour collecter des renseignements.
 Le chirurgien est soupçonné d'appartenir à une mouvance terroriste.

Aujourd'hui, ces soupçons ne semblent plus d'actualité.
 

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