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mardi 18 février 2014

Les Français de souche, ceux dont on ne doit pas prononcer le nom.

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Le 18 février 2014

 
 
À trop jouer avec le feu, on finit par se brûler.

René Char disait que la lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil.
 Frappée par la lucidité d’Alain Finkielkraut lors de l’émission « Mots croisés » du 6 février dernier, la socialiste Naïma Charaï, présidente de l’Agence nationale de la cohésion sociale et l’égalité des chances, a saisi le CSA.
Le motif est ubuesque : le philosophe aurait eu l’outrecuidance de parler des innommables, « les Français de souche ».
 Selon cette politicienne socialiste, investie d’une mission supérieure et universelle au service du bien, les propos seraient « inacceptables » et « en totale contradiction avec la Constitution ».
Cette sortie n’est pas sans raisons objectives. À l’approche des échéances municipales, les autorités socialistes s’inquiètent de la défiance des populations de la « diversité » issue des séquelles de l’« affaire Dieudonné ».

En outre, le gouvernement défend en ce moment la « feuille de route pour la politique républicaine et d’intégration », laquelle, dans sa version remaniée, renvoie à la norme de certification AFNOR « Label Diversité ».
Un tel label reconnaît explicitement la « diversité ».
Qu’entend-on par la « diversité », si ce n’est l’existence de Français de « branche », dont les origines sont différentes d’une « souche » française originelle.
 Ce n’est pas Alain Finkielkraut qui a parlé le premier des « Français de souche », c’est le pouvoir lui-même et le think tank Terra Nova qui l’admettent en creux à chacun de leurs rapports !
On admet aisément l’indigénat des populations polynésiennes traditionnelles de l’île de Tahiti, ce qui est normal et ne pose aucune objection, cela relève du bon sens et de l’honnêteté intellectuelle.
Les peuples des DOM-TOM sont des autochtones français de territoires extra-européens, pas des « Français de souche » au sens strict ; ça ne fait pas d’eux des Français au rabais.
 Un individu sait qu’il naît homme ou femme ; pareillement il sait quelles sont ses origines ethniques majoritaires ou « essentielles ».
« Nous tendons instinctivement à solidifier nos impressions pour les exprimer par le langage », disait Henri Bergson.
Les Français, nonobstant ce que dit Naïma Charaï, savent de quelles origines ils sont, pourquoi alors nier la possibilité aux Français de France de confirmer par le langage ce que leur signifient leurs impressions très distinctement ?
Pourquoi, en outre, flatter ces origines chez les Français issus de la « diversité », en les frappant, eux, d’un label spécifique ?
Le pouvoir croit-il qu’en occultant la majorité de la population, il « intégrera » plus facilement des communautés qui, depuis quarante ans, se vivent et vivent souvent en marge du destin national, mythifient leurs pays d’origine et manifestent parfois violemment un rejet de notre histoire ?

 Il y a, dans ces démarches, une profonde schizophrénie intellectuelle, marquée par le mépris d’un peuple qui dérange.

 À trop jouer avec le feu, on finit par se brûler.

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